Quelle école pour quels salariés ?

Publié le par ferc cgt 66


 

Ces dernières années, le Service public d’Education, même s’il n’est pas exempt de toute critique, a fait l’objet d’un procès médiatisé le rendant responsable des maux de notre société et notamment du chômage et de la précarité.

 

Ce procès d’intention, intellectuellement malhonnête, suffirait à montrer, s’il en était besoin, que la question de l’école ne peut être traitée par ses seuls acteurs – personnels, parents, administration -mais qu’elle est bien « l’affaire de tous ». Affaire de la société, conçue et structurée par elle, socle fondamental de son évolution.

 

A ce titre, les confédérations syndicales de salariés doivent prendre leurs responsabilités et s’en préoccuper particulièrement car le Service Public d’Education concerne non seulement la formation du citoyen mais aussi celle du futur travailleur.

D’ailleurs, les organisations patronales ne s’y sont pas trompé et ne se privent pas d’intervenir et de peser sur l’évolution de l’école. Il serait paradoxal que les confédérations n’interviennent pas elles aussi. Elles en ont le devoir et la légitimité, d’autant que leurs responsabilités dans le domaine de la certification, leur participation dans l’élaboration des cartes des formations, dans les régions, ne peuvent être assurées sans une connaissance effective et une réflexion sur la conception du système éducatif.

 

La qualification d’un salarié possède un caractère pluridimensionnel – connaissances, savoir faire, qualités et aptitudes acquis dans et hors l’école -mais elle est profondément déterminée par sa formation initiale. La qualité de celle ci influencera pour partie sa formation et son expérience professionnelles, sa formation continue, son expérience sociale et les conditions de son émancipation.

 

Une première exigence consiste à élever les niveaux par une formation de base large, ouverte, transversale, permettant une réelle formation tout au long de la vie. Elle doit correspondre à une logique éducative à développer : approches critiques des savoirs et connaissances, intégration des dimensions sociales, environnementales et éthiques de l’activité professionnelle, capacité à acquérir de nouvelles connaissances, à les structurer pour mieux comprendre et agir sur l’environnement.

 

Le développement de la formation par alternance fait que les jeunes sont de plus en plus présents dans les entreprises en tant que stagiaire ou apprenti. Dans tous les cas, ils constituent, le temps de leur formation, une main d’œuvre connaissant les conditions de travail de tout salarié, sans être pour autant considérés comme tels. Les revendications portées par le mouvement des stagiaires qui a débuté en 2005 et qui dénonce « les abus des entreprises » illustrent cette situation. Il en est de même pour les étudiants qui, de plus en plus nombreux, sont obligés de trouver un emploi rémunéré pour pouvoir financer leurs études et vivre, …. Dans une précarité toujours plus grande !

 

La CGT a toujours défendu l’objectif d’une école de « la réussite pour tous », dans l’intérêt des jeunes et de la société, incluant les collectivités et les entreprises. L’éducation et la formation sont un investissement pour l‘avenir qui ne peut être conditionné par des considérations de rentabilité à court terme. Ignorer ce précepte conduit à créer un coût social, inscrit dans le futur, bien plus conséquent que les « économies » réalisées en supprimant des emplois au motif de réduire la dette publique.

Aucun choix n’est neutre. La responsabilité politique est bien de répondre aux besoins immédiats des hommes et de construire leur avenir.

 

Cet investissement doit porter sur des moyens humains et financiers, sur la formation des personnels et sur la recherche pédagogique. Ces trois axes sont indissociables.

Cet investissement doit conjuguer l’intérêt individuel de chaque élève avec l’intérêt collectif de la nation, dans un esprit de démocratie, de solidarité et de justice.

L’évolution actuelle du système éducatif dans une conception consumériste – favorisée entre autres par la mise en concurrence des établissements scolaires entre eux, entre public et privé, les demandes pressantes des familles, la suppression de la carte scolaire -est à combattre. Le système éducatif  doit retrouver son sens  de service public national avec ses toutes ses valeurs, notamment de gratuité, d’égalité d’accès et de laïcité.

 

Les décisions prises par le président N.Sarkozy et son gouvernement ne répondent pas à ces exigences.

Même si le budget de l’éducation reste le plus important de l’Etat, il sanctuarise l’école qui semble dès lors dissociée de la société, sans interaction avec les conditions sociales et le cadre de vie des élèves. Ainsi, les décisions prises au fur et à mesure des problèmes rencontrés, s’ajoutent les unes aux autres, sans qu’apparaisse une ligne cohérente à long terme et sans évaluation de leur efficacité. Il en est ainsi des multiples réformes suivant les nominations des ministres, comme des plans contre la violence scolaire !

 

Les dizaines de milliers de suppressions d’emplois déjà effectuées, celles programmées pour les trois prochaines années, fragilisent davantage une école déjà confrontée aux méfaits de la crise sociale et économique actuelle.

Dans le premier degré, les effectifs scolaires sont en phase d’augmentation et la pénurie de personnels enseignants formés et qualifiés prévisible d’ici cinq à dix ans handicapera encore plus les jeunes et la société.

Remettre en cause l’accueil en maternelle pénalisera les ménages les plus démunis d’une part et privera leurs enfants du « socle éducatif et pédagogique sur lequel s’appuient et se développent les apprentissages qui seront systématisés à l’école élémentaire ».(cf Ministère de l’Education nationale 2002)

 

Le raisonnement qui prévaut aujourd’hui tend à enfermer l’école dans une fonction utilitariste immédiate, celle de répondre aux besoins à court terme des entreprises. Cette formation « étroite » freine l’adaptation des salariés face à l’évolution des technologies, ce que la formation continue peut difficilement corriger,  face à l’évolution des technologies. Comment parler alors « d’égalité des chances » ?

L’école doit répondre à un projet de société redéfini sur une base qui n’oppose pas évolution collective et aspirations individuelles. Dans ce contexte, « l’éducation tout au long de la vie », prendra tout son sens avec une formation initiale permettant aux futurs salariés de profiter pleinement de ce parcours qualifiant, et à la société de bénéficier de cet apport qualitatif.

Publié dans Actualité Nationale

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